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Une fois qu'on a balayé la myriade de données normatives rapportées positivement, qui génèrent des conflits entre les contextes, grâce au marqueur de cohérence <math>\tau</math> nous avons une image beaucoup plus claire et plus linéaire sur laquelle approfondir l'analyse de la fonctionnalité du système nerveux central. Par conséquent, nous pouvons nous concentrer sur l'interception des tests nécessaires pour décrypter le code en langage machine que le SNC envoie converti en langage verbal. | Une fois qu'on a balayé la myriade de données normatives rapportées positivement, qui génèrent des conflits entre les contextes, grâce au marqueur de cohérence <math>\tau</math> nous avons une image beaucoup plus claire et plus linéaire sur laquelle approfondir l'analyse de la fonctionnalité du système nerveux central. Par conséquent, nous pouvons nous concentrer sur l'interception des tests nécessaires pour décrypter le code en langage machine que le SNC envoie converti en langage verbal. | ||
=== | === Transmission éphaptique === | ||
Avec un peu d'effort et de patience de la part de lecteurs passionnés qui ont suivi tout le cheminement logique, parfois apparemment hors sujet, nous sommes parvenus à un tableau clinique dans lequel le code à décrypter est inhérent à l'atteinte neuromotrice. Par conséquent, les clés d'accès au code, celle qui correspond au sens figuré à l'algorithme de déchiffrement exact, correspondraient au bon choix du test détecteur d'atteinte neuromotrice. | |||
C'est un point où il est essentiel d'inférer l'intuition du clinicien car trouver le bon algorithme pour déchiffrer le code, après les étapes de filtrage précitées qui ont été décrites pour laver les interférences d'assertions, c'est au moins choisir le bon dictionnaire, par exemple , celui de l'image (IRM du cerveau plutôt que du cou) ; potentiels évoqués acoustiques et vestibulaires (en cas de suspicion de scwannome vestibulaire) ou étude électrophysiologique du trijumeau (si plusieurs atteintes du trijumeau sont suspectées). | |||
Dans cet iter clinique que nous avons présenté, le choix du clinicien de suivre la feuille de route électrophysiologique du trijumeau à partir de laquelle la positivité du <math>\bar{\gamma_n}=1</math> des affirmations ont déjà été dérivées, par conséquent, après avoir déjà défini une image d'anomalie grave d'absence de la secousse de la mâchoire et de la période silencieuse masseterino sur le côté droit du patient devra comprendre si le dommage est intracrânien ou extracrânien. | |||
Pour ce faire, le clinicien utilise un test de stimulation électrique du nerf masséter en fosse infratemporale appelé <math>M-wave</math>sur le muscle masséter avec enregistrement simultané de l'hétéronyme <math>H-wave</math> sur le muscle temporal<ref>{{cita libro | |||
| autore = Cruccu G | | autore = Cruccu G | ||
| autore2 = Truini A | | autore2 = Truini A | ||
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====M-wave ==== | ====M-wave ==== | ||
Le nerf masséter droit a été stimulé électriquement dans la fosse infratemporale (voir chapitre procédure clinique : Code crypté : transmission éphaptique) avec une technique similaire à celle décrite par Macaluso & De Laat (1995). Des impulsions cathodiques carrées (0,1 ms) générées par un stimulateur électrique (Neuropack X1, Nihon Kohden Corporation, Tokyo, Japon) ont été délivrées via une électrode aiguille monopolaire revêtue de téflon (TECA 902-DMG25, 53534) avec une pointe non isolée (diamètre 0,36 mm ; surface 0,28 mm2) insérée à 1,5 cm à travers la peau sous l'arcade zygomatique et en avant de l'articulation temporo-mandibulaire dans la fosse infratemporale avec des chocs électriques de 0,5 à 5 mA et 0,1 ms. L'anode était une électrode à disque Ag-AgCl non polarisable en surface (OD 9,0 mm) positionnée sur le lobe de l'oreille ipsilatéral. La stimulation électrique du nerf masséter n'a jamais produit de douleur et les sujets n'ont perçu que la contraction musculaire. La position correcte des électrodes de stimulation a été contrôlée tout au long de la session expérimentale en vérifiant en ligne la taille de l'onde M dans le muscle masséter. Les signaux ont été enregistrés en plaçant des électrodes de surface sur les muscles masséters et temporaux et filtrés à 10-2000 Hz et par des électrodes à aiguilles concentriques insérées dans le muscle temporal antérieur. | |||
{{Q2| | {{Q2|La réponse dans le masséter droit était clairement retardée mais relativement symétrique en amplitude entre les côtés. (Fig. 9)}} | ||
====<sub>b</sub>Root-MEPs==== | ====<sub>b</sub>Root-MEPs==== | ||
La racine du trijumeau a été stimulée de manière transcrânienne par une haute tension et une faible impédance par un stimulateur électrique (Neuropack X1, Nihon Kohden Corporation, Tokyo, Japon)) avec l'électrode d'anode positionnée à l'apex et la cathode à environ 10 cm latéralement de l'apex le long d'une ligne méat acoustique du vertex. On pense que le champ électrique excite les fibres du nerf moteur trijumeau par la voie transcrânienne, près de leur sortie du crâne.<ref name="fris1992" /><ref>G Frisardi, P Ravazzani, G Tognola, F Grandori. [https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9467995/ Electric versus magnetic transcranial stimulation of the trigeminal system in healthy subjects. Clinical applications in gnathology.] J Oral Rehab.1997 Dec;24(12):920-8.doi: 10.1046/j.1365-2842.1997.00577.x.</ref>Dans ce cas également, la réponse dans le masséter droit a été nettement retardée (3,5 ms sur le côté droit 2 ms sur la gauche et dispersée. amplitude de l'onde M. | |||
[[File:TCS Lupo edited.jpg|center|thumb|600x600px| | [[File:TCS Lupo edited.jpg|center|thumb|600x600px|Figure 9 : Les réponses évoquées par la stimulation de l'onde M du nerf masséter et des Root-MEP du trijumeau sont clairement retardées du côté droit tout en maintenant une amplitude relativement symétrique.]] | ||
Après avoir mis en évidence, à travers l'exécution du <math>M-wave</math> et <math>_bRoot-MEPs</math> test, un retard de la vitesse de conduction des fibres du nerf trijumeau génère la suspicion qu'il s'agit d'une démyélinisation focale. Cela indique que le problème doit être référé à la composante nerveuse plutôt qu'à la composante musculaire, par conséquent, notre attention doit se concentrer sur le type de démyélinisation focale, l'étendue des dommages et vraisemblablement la localisation des dommages. Le diagnostic différentiel à ce stade se concentre sur le type et la zone des dommages démyélinisants, par exemple, s'il s'agit d'un dommage exclusivement référé au nerf moteur masséterin ou si le nerf moteur du muscle temporal est également impliqué, important pour le traitement avec l'endotoxine botulique . Pour lever ce doute il faut évoquer un hétéronyme <math>H-wave</math> rréponse de l'enregistrement sur le muscle temporal. | |||
====H-wave ==== | ====H-wave ==== | ||
La disposition est similaire à celle décrite précédemment en ce qui concerne le <math>M-wave</math> avec la variante selon laquelle le muscle temporal est enregistré simultanément avec la stimulation du nerf masséterin dans la fosse intratemporale par une électrode à aiguille bipolaire. La stimulation doit être progressivement adaptée afin d'évoquer à la fois un<math>M-wave</math> du masséter qu'un hétéronyme <math>H-wave</math>du muscle temporal. | |||
Chez notre patiente Mary Poppins, malheureusement, la situation neuromotrice est assez complexe et grave car à la stimulation infratemporale du nerf masséteral nous avons une réponse évoquée directe sur le muscle ipsilatéral à la stimulation (figure 10 ; <math>M-wave</math>) et en même temps pas une réponse hétéronyme (figure 10; <math>H-wave</math> ) sur le muscle temporal mais plutôt une activité asynchrone tonique (Figure 𝐸) | |||
Ce phénomène neurophysiopathologique est appelé « transmission éphaptique » et nous permet de confirmer la présence de lésions démyélinisantes également du nerf moteur du muscle temporal. | |||
Comme mentionné précédemment et afin de ne pas alourdir le sujet, la description détaillée du phénomène 'Héphaptique' sera traitée dans le chapitre 'Code crypté : Transmission éphaptique' afin de mieux comprendre les réponses physiologiques des hétéronymes <math>H-wave</math> par des pathologiques. | |||
[[File:Hephaptic edited.jpeg|center|thumb|600x600px| | [[File:Hephaptic edited.jpeg|center|thumb|600x600px|Figure 10 : Sur la droite indiquée par EMG, l'enregistrement de la décharge de l'unité motrice sur le masséter droit au moment du spasme est affiché tandis que sur la droite ci-dessous indiquée par l'onde M, nous pouvons voir deux potentiels moteurs évoqués par la stimulation électrique dans fosse infratemporale enregistrée sur le masséter. Avec l'onde H il est possible de constater l'enregistrement de l'onde H hétéronome sur la temporale ipsilatérale à la stimulation.]] | ||
=== | === conclusion === | ||
En suivant ce chemin étape par étape, nous avons démontré une lésion du nerf moteur périphérique comme proposé à l'origine par Kaufman.<ref name="kauf">Kaufman MD. [https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/7436363/ Masticatory spasm in facial hemiatrophy]. Ann Neurol 1980;7:585-7.</ref> Des études de conduction ont montré un ralentissement de la conduction dans le trajet extracrânien des fibres nerveuses masticatrices sans réduction de l'amplitude de <math>M-wave</math> et évidemment des signes EMG de dénervation chronique. La biopsie du muscle temporal est apparue histologiquement normale. | |||
{{Q2| | {{Q2|Ces résultats indiquent une démiélinisation épargnant les axones.}} | ||
L'absence de la secousse de la mâchoire du côté malade indique des dommages aux fibres afférentes de grand diamètre({{:F:A-alpha}})des fuseaux neuromusculaires. Une lésion de quelques afférences {{:F:A-alpha}} pourrait facilement abolir le réflexe de la mâchoire.<ref>Cruccu G, Inghilleri M, Fraioli B, Guidetti B, et al. [https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/3561775/ Neurophysiologic assessment of trigeminal function after surgery for trigeminal neuralgia]. Neurology 1987; 37:631-8.</ref> | |||
Les lésions des nerfs musculaires ne seraient pas expliquées uniquement parce que les patients atteints de spasme hémimasticatoire (SHM) n'ont pas de troubles sensoriels, mais aussi parce qu'ils n'ont souvent que des spasmes dans un ou deux muscles releveurs mandibulaires. Ces observations plaident contre des dommages à la racine motrice ou à la partie intracrânienne du nerf mandibulaire où les faisceaux moteurs sont étroitement regroupés,<ref>Pennisi E, Cruccu G, Manfredi M, Palladini G. [https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/1795166/ Histometric study of myelinated fibers in the human trigeminal nerve]. J Neurol Sci 1991;105:22-8.</ref> favorisant les dommages aux nerfs musculaires individuels qui traversent la fosse infratemporale. | |||
Le mécanisme d'implication de l'activité involontaire paroxystique faciale a été discuté par Kaufnan<ref name="kauf" /> et par Thompson et Carroll<ref>Thompson PD, Carroll WM. [https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/6842234/ Hemimasticatory spasm: a peripheral paroxysmal cranial neuropathy?] J Neurol NeurosurgPsychiatry 1983;46:274-6.</ref>qui a souligné la similitude étroite entre le spasme hémimasticatoire et hémifacial. | |||
En EMG, ces spasmes prolongés rentrent parfaitement dans la description des crampes, c'est-à-dire des décharges d'unités motrices irrégulières qui augmentent progressivement, entraînant le recrutement d'une grande partie du muscle de décharges synchrones à des vitesses de 40 à 60 Hz..<ref>Kimura J. Electrodiagnosis in diseases of nerve and muscle: principles and practice, 2nd edn. Philadelphia: FA Davis 1989.</ref> Cependant, communes aux spasmes hémifaciaux et aux crampes, des activités EMG ectopiques peuvent également être détectées. | |||
Cela pourrait être responsable de la fréquence élevée des décharges EMG à une fréquence de 100-200 Hz et de la synchronisation du muscle entier ou de plusieurs muscles, et de la post-activité. La synchronisation pourrait s'expliquer par la propagation latérale des décharges des fibres nerveuses adjacentes,<ref>Nielsen VK. [https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/6322049/ Pathophysiology of hemifacial spasm: II. Lateral spread of the supraorbital nerve reflex]. Neurology 1984;34:427-31.</ref><ref>Thompson PD. Stiff people. In Fahn S, Marsden CD, eds. Movement disorders 3. London: Butterworths, 1993: 367-99.</ref> générer un circuit de réexcitation local. L'activité EMG posthume consiste en des décharges paroxystiques qui peuvent suivre une contraction orthodromique volontaire ou des impulsions antidromiques,<ref>Auger RG. [https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/573406/ Hemnifacial spasm: clinical and electrophysio- logic observations.] Neurology 1979;29: 1261-72.</ref><ref name="niels">Nielsen VK. [https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/6322048/ Pathophysiology of hemifacial spasm: I. Ephaptic transmission and ectopic excitation.] Neurology 1984;34:418-26.</ref> et est attribué à l'auto-excitation des mêmes axones après le passage d'une impulsion. | |||
Chez notre patiente Mary Poppins nous avons observé une synchronisation de tout ou partie du muscle impliqué dans le spasme (fig 10, EMG) ; l'auto-excitation est mise en évidence par l'enregistrement des décharges évoquées suite à la réponse de la stimulation des nerfs masticateurs (Fig. 10, E). Ces résultats appuient l'hypothèse selon laquelle l'activité spontanée « survient » dans un nerf périphérique démyélinisé, un phénomène appelé.<ref name="niels" /> | |||
En conclusion, le patient était atteint de « Spasme hémimasticatoire » principalement focalisé sur le muscle masséter droit mais avec diffusion indirecte du phénomène au muscle temporal droit probablement dû à une activité hépatique due à la démyélinisation des nerfs moteurs masticateurs dans la fosse infratemporale. Le traitement par endotoxine botulique a été débuté immédiatement avec une régression totale de la maladie 10 ans plus tard. | |||
{{Q2| | {{Q2|Mais comment parvient-on à déchiffrer un code en langage machine ?|nous essaierons de le décrire dans le chapitre 'Code crypté : Transmission éphaptique' à la fin de la section 'Spasme hémimasticatoire'}} | ||
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